Ce que l’on ne vous dit pas sur le skate …

Ce que l'on ne vous dit pas sur le skate
Temps de lecture : 8 minutes

Au premier abord, le skate peut paraître, vue d’un œil extérieur, comme une activité quelconque, voire un passe-temps. Or, c’est bien là l’erreur. En creusant plus profondément, beaucoup de bienfaits apparaissent. 

Comme pour beaucoup de choses, tant que l’on ne pratique pas, il est impossible de comprendre tous les rouages qui se cachent derrière une activité. L’œil extérieur constate seulement le résultat final sans voir le travail qu’il y a derrière. Prenons l’exemple du vélo. Quand on est enfant, on se dit que faire du vélo doit être facile car tout le monde en fait. Pourtant les premiers essais sans roulettes ne se passent pas du tout comme prévu! 

Et c’est là que je souhaite vous amenez avec cet article: comprendre toutes les compétences qu’un skateur développe qui sont invisibles aux yeux d’une personne extérieure.

Discipline, rigueur et persévérance, le trio gagnant en skate

Ces trois compétences sont les bases pour progresser dans le skate. Contrairement à d’autres sports, la barrière à l’entrée est très élevée. Qu’est-ce que j’entends par là? Les premières étapes dans le skate (apprendre à rouler, savoir faire le ollie ou dropper) sont les plus longues à apprendre. Il faut passer beaucoup de temps et fournir pas mal d’efforts pour commencer à avoir des résultats.

C’est l’une des principales raisons qui explique pourquoi beaucoup de personnes ont acheté un skate au moins une fois  dans leur vie mais n’ont pas continué: le skate est un sport ingrat. Beaucoup d’efforts pour peu de résultats, du moins au début. Une fois passé cette période, c’est un nouveau monde qui se dévoile. 

La discipline, la rigueur et la persévérance sont des compétences que tous les skateurs développent consciemment ou inconsciemment car elles sont OBLIGATOIRES dans ce sport. Vous ne croiserez jamais une personne qui du jour au lendemain saura faire du skate. Le temps d’apprentissage peut varier d’une personne à une autre, néanmoins il faut passer un minimum d’heures pour acquérir toutes les bases. 

La bonne nouvelle c’est que tout ce travail fournit vous servira dans d’autres activités et même dans votre vie en générale. Personnellement, à chaque nouvelle étape qui me paraît insurmontable, je me remémore le processus du skate: commencer, pratiquer régulièrement et ne rien lâcher. Au bout d’un moment, les progrès sont de plus en plus visibles.

Satisfaction instantanée vs travail de longue haleine

Il y a une chose que je me rends de plus en plus compte que le skate apporte c’est la sagesse de ne pas tomber dans le piège de la satisfaction instantanée. 

Le monde technologique que nous connaissons aujourd’hui est très paradoxal: d’un côté il a simplifié la vie de milliards de personnes et de l’autre côté il a créé une très forte dépendance chez beaucoup de gens, créant un gros décalage entre le virtuel et la réalité. On peut se faire livrer n’importe quel objet du monde entier chez soi, on peut faire nos courses en quelques clics sur internet, on peut se faire rembourser en très peu de temps un article, bref on tend vers le tout – tout de suite. 

Ce qu’il y a de bien avec le skate, c’est que ce concept du tout – tout de suite n’existe pas. Un processus doit être suivi pour arriver au résultat convoité et il demande de fournir un minimum de travail. Cela permet de rester les pieds sur terre (ou plutôt les pieds sur la board) et de ne pas tomber dans la boucle infernale des pics de dopamine. Combien d’entre nous (je m’inclus dans le lot) ont acheté un objet très désiré et une fois en notre possession, le pic de bonheur chuta au bout de quelques jours? S’il y a une chose que le skate m’a bien fait comprendre c’est que la satisfaction engendrée par un travail de longue haleine est mille fois supérieur à un objet obtenu par une action qui ne demande pas d’effort (en quelques clics ou acheter avec une carte bancaire). Je me rappellerai toujours de mon premier kickflip car c’était pour moi l’achèvement d’une énorme étape dans ma vie de skateur! Inversement, je serais incapable de dire quel achat m’a fait le plus vibrer dans ma vie.

Atteindre ses objectifs
Atteindre ses objectifs Photo by ©gr-stocks

Le raccourci, le faux ami du skateur

Lorsqu’un choix se présente, l’esprit humain est fait de telle sorte qu’il va choisir l’option qui lui demandera le moins d’effort possible. Typiquement, entre le chemin comportant 10 étapes et celui qui n’en comporte que 6, le cerveau va opter pour le deuxième choix. Choisir le chemin avec le moins d’étapes permet de gagner du temps, certes, mais par contre l’expérience engrangée n’est pas la même: il va manquer des “bouts d’expérience”. 

Où est-ce que je veux en venir? Ce raisonnement s’applique au skate. Une chose que je vois souvent c’est de vouloir par exemple faire un kickflip sur 6 marches avant de savoir le faire correctement en flat. Certes, on peut avoir l’impression de progresser plus vite, sauf qu’une étape hyper importante a été sautée : le board control. Il  y a une très grande différence entre quelqu’un qui sait ce qu’il fait et une personne qui envoie une figure au petit bonheur la chance en espérant replaquer. En cas de chute, l’un la maîtrise et l’autre la subit. 

Il y a bien une chose que j’ai appris, c’est qu’en voulant prendre des raccourcis, on finit tôt ou tard par se faire rattraper. Le meilleur conseil que je peux donner, c’est de prendre des raccourcis au début en ayant bien conscience que le temps gagné n’est que temporaire. Pourquoi ce conseil? Même si notre mère nous a dit de pas toucher la casserole car on risque de se brûler, on le fait quand même. Par contre, on ne le fait pas deux fois.

Piranha plant
Tôt ou tard les raccourcis vous mèneront à une piranha plant

Connaître ses limites grâce au skate

La connaissance de ses limites n’est pas réservée qu’au skate, elle est présente dans tous les sports, en particulier dans les sports extrêmes. C’est une compétence qui n’est pas naturelle. Combien de personnes font des choses bien au-dessus de leur capacité juste pour “plaire” ou pour satisfaire leur ego? Ce qu’il y a de marrant avec le skate c’est que, vu par une personne qui ne pratique pas, le skate paraît être une activité “dangereuse” or c’est tout l’inverse. Il est très rare de voir un skateur faire une figure complètement au-dessus de ses moyens car le skate apprend justement cette capacité à connaître nos limites. Je pense même que la plupart des skateurs (moi y compris) sous-estiment ce qu’ils peuvent faire. Il suffit de voir quelqu’un le faire pour se dire qu’en fait c’est possible. 

Pour boucler cette partie, je suis aller au ski récemment et j’ai encore vu un touriste finir en barquette car il s’est cru capable de sauter un saut noir en sachant à peine skier. C’est là que je suis dit que la connaissance de ses limites est une compétence qui n’est vraiment pas innée et au combien importante. Elle évite de faire des choses déraisonnables dont on regrette par la suite.

Bien-être et performance, les deux faces deux même pièce

Un esprit sain dans un corps sain. Après avoir vu la partie sur l’esprit sain, attardons-nous maintenant sur le corps sain. La skate étant une activité demandant beaucoup de concentration, la performance lors d’une session est directement liée au soin que l’on apporte au corps. Il y a trois grands facteurs qui influencent beaucoup la performance: le sommeil, la nourriture et les substances évasives (alcool et drogue principalement). J’ai testé ces trois facteurs indépendamment (sans le vouloir) au cours de ma vie. 

Tout d’abord la nourriture. C’est celui qui est le plus simple à tester. Pour cela, faites une session en ayant mangé juste avant un burger, pizza, tacos et faites ensuite la semaine d’après une session en ayant mangé sainement: pâtes, légumes, viandes dans des quantités raisonnables afin de ne pas vous sentir “lourd” au moment de skater. Personnellement, après avoir mangé un burger la veille ou le midi même, mes performances sont désastreuses: j’ai l’impression que mon corps est encrassé et que la machine est toute rouillée.

Machine rouillée
Machine rouillée photo by ©Jonathan Borba

Le sommeil. Alors là c’est plus délicat. Au cours d’un mois, j’avais testé de réduire mon temps de sommeil pour avoir plus de temps au cours de ma journée. Je faisais des nuits de 22h-4h tous les jours. La première semaine, ça allait j’arrivais encore à skater mais je sentais quand même que le cerveau n’était pas apte à 100% par contre la deuxième semaine j’étais un légume. Je n’avais pas la force de skater. Chaque personne à un besoin en sommeil différent donc il se peut qu’avec 6h de sommeil vous n’aurez aucun problème. Pour savoir si vous dormez assez, c’est simple: si vous bailliez régulièrement pendant l’après-midi, vous avez besoin de plus de sommeil.

Enfin les substances évasives. Cette partie est délicate car on trouve de tout dans le skate: aussi bien des personnes qui skate mieux sous psychotropes que des personnes qui font hyper attention à leur corps. Pour cela, je vais juste donner mon ressenti personnel. En ce qui concerne la weed, chose que j’ai arrêté il y a bien longtemps, ça me ramollissait plus qu’autre chose. Je n’ai jamais réussi à faire une bonne session en étant dans les vapes. Pour l’alcool, c’est pareil. Quand je buvais ne serait-ce qu’une bière, j’avais l’impression de ne pas être totalement au contrôle de mon corps. Mon cerveau était comme “embrumé” et certains tricks étaient réalisés un peu au pif.

Bref, je ne conseille pas de prendre quelconque substance qui obscurcit la lucidité du cerveau. C’est sûrement le meilleur cadeau que vous pouvez vous faire dans la vie.

Pour conclure cet article, le skate développe chez ses pratiquants des compétences qui sont très utiles dans la vie de tous les jours. Bien souvent on ne les constate pas et pourtant elles sont belles et bien présentes. Peut-être que le fait de les lire va vous permettre de mieux vous en rendre compte. En tout cas, le skate m’a énormément apporté et je m’en rends de plus en plus compte. J’espère que c’est le cas pour vous aussi!

Sur ce, bon trickotage!

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